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Pot-pourri

Alexandre Rolla, 2012



Texte écrit à l'occasion de l'exposition personnelle Pot-pourri
Chapelle du Carmel, Châlon/S/Saone.


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À la mode actuelle du display, Cécile Meynier préfère ce que l’on pourrait appeler, l’étalage, certains, diraient même, le bric-à-brac. Pour cette nouvelle exposition, « Pot-pourri », l’artiste projette de faire un medley de certains de ses hits, mais aussi de ses toutes nouvelles pièces, parfois encore inachevées, ou d’autres encore, remixées pour l’occasion.

Presque à la manière d’un cambrioleur, l’artiste vide son atelier, ses réserves, se précipite ensuite dans l’espace de l’exposition pour livrer sa farandole de trésors. De présentoirs en cafarnaums, il ne s’agit pas d’un inventaire, ni d’un vide grenier, ni même d’une exposition au sens classique du terme. L’artiste joue de l’ensemble de ces codes dans une présentation parfois extravagante, parfois précise, précieuse, voire religieuse.

C’est là que réside la force cet ensemble, dans le doute qu’il réussit à instaurer entre construction et destruction, précision et indéfinition, rigueur et nonchalance, préciosité et fausse négligence. L’artiste brouille les pistes, de telle sorte qu’on ne sait jamais si les peintures, les objets, les sculptures ou les environnements qu’elle propose sont des espaces dévastés ou au contraire méticuleusement et très délicatement construits et agencés.

De cet équilibre subtil est fait le travail de Cécile Meynier. Au premier regard, l’espace semble saturé, la vaisselle, cassée, les enduits, trop gras, les couleurs trop criardes ou trop fades, le geste, trop brutal ou maladroit et pourtant, cette fébrilité apparente laisse vite la place à une certitude. Chaque chose est à sa place, les couleurs si étranges, sont précises et les gestes parfaitement maîtrisés. Il se dégage alors une poésie infinie de ses grandes installations, que l’on pourrait nommer la poésie ou la justesse de l’écart.

L’écart, le mince liseré qui sépare l’ordinaire de l’extraordinaire, c’est l’endroit précis où se situe le geste de Cécile Meynier. Le geste, si simple est pourtant si complexe qui transforme une cloison en peinture, un débris en objet de vitrine, un bloc de béton en sculpture, une devanture en exposition, un pot-pourri en symphonie. L’écart, le très léger pas de côté que fait l’artiste pour passer du réel à l’imaginaire, du monde à l’art.



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